Moisson de vieux films (Octobre/2)


Adalen 31 (Bo Widerberg, 1969)
Grand prix spécial du jury au festival de Cannes 69. Certains critiques ont écrit qu'il aurait mérité la Palme d'or. Le film raconte la grève la plus dure de l'histoire suédoise, à Adalen, au nord du pays, en 1931. Sa première partie est centrée sur le quotidien des ouvriers désoeuvrés : scènes de campagne dignes d'un Renoir (le peintre), idylle amoureuse naissante entre deux adolescents. Après 93 jours de grève, des "jaunes" sont appelés en renfort, avant que l'armée n'intervienne et ne se heurte aux manifestants. Bilan : 5 morts et la chute du gouvernement, les sociaux-démocrates accédant pour la première fois au pouvoir. Widerberg mêle l'intime et le social, la vie privée et les enjeux politiques. Avec un style indéfinissable, viscéral, organique, dans une mise en scène qui refuse la linéarité et joue sur les ruptures. Distanciée, quasi abstraite, mais prenante et parfois presque élégiaque (moins que dans Elvira Madigan, cependant). Il est difficile de trouver des ressemblances avec d'autres films : The Molly Maguires de Martin Ritt, certaines oeuvres de Jancso, une pincée de Ken Loach ..., loin de Bergman, en tous cas. N'employons pas le mot de chef d'oeuvre à son sujet, mais cela y ressemble fort, malgré tout.

War Gods of the Deep (Jacques Tourneur, 1965)
Le dernier film de Tourneur est inspiré du poème d'Edgar Allan Poe : "City in the Sea". Une série Z, ni plus, ni moins, et une très mauvaise avec ses décors en carton-pâte et son scénario débile. Même Vincent Price ne fait pas semblant d'y croire. A noter que dans cette histoire de cité sous les mers il n'y a pas de guerre, ni de dieux. En revanche, pour la profondeur, c'est exact, celle du ridicule.

La théorie des dominos (The Domino Principle, Stanley Kramer, 1977)
Un échantillon du cinéma de complot très à la mode dans le cinéma américain des années 70, une décennie après l'assassinat de Kennedy. C'est assez efficace mais guère crédible car bourré d'invraisemblances. A la décharge de Kramer, le film devait durer 3 heures et a été quasi coupé de moitié. Gene Hackman est impeccable, comme d'habitude.

Les héros sont fatigués (Yves Ciampi, 1955)
Un pays anglophone d'Afrique. Tristes tropiques, rendez-vous des déclassés, des épaves et des aventuriers. Le scénario n'est pas plus mauvais qu'un autre, autour de diamants volés, et l'ambiance est moite sous les aisselles. Distribution internationale : l'ancien de la Luftwaffe (Jürgens), le beau gosse ancien résistant (Montand), l'ex-collabo imbibé d'alcool et de ressentiments (Servais), la bombe latina (Felix), plus quelques comparses opportunistes ou paumés. Le tout, dans une ambiance de fête, parce que les noirs, n'est-ce pas, ne pensent qu'à s'amuser (le film n'est pas ouvertement raciste mais laisse planer un doute). Le genre de film qui fit hurler les critiques des Cahiers du cinéma à l'époque et qui, aujourd'hui se révèle tel qu'il est : un divertissement exotique pas si mal fichu.


La fureur des hommes (From Hell to Texas, Henry Hathaway, 1958)
Un western très pur, bien de la manière de Hathaway. Une ligne narrative simple : un type, faussement accusé de meurtre, est poursuivi par une poignée de justiciers qui ne veulent rien savoir. Tourné dans des décors naturels somptueux, le film est avant tout un plaidoyer convaincant contre la violence. Avec son héros frêle des genoux, mais bon tireur quand même, faut pas pousser, et une petite histoire d'amour bien mignonnette. Pas loin d'être un classique du genre.



22/10/2010
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