Moisson de vieux films (Septembre/3)


Le chevalier sans armure (Knight without Armour, Jacques Feyder, 1937)
Un espion anglais et une comtesse russe pris dans les rets de la révolution bolchévique. Film atypique dans la carrière de Feyder, tourné pour les studios britanniques, qui n'a que peu à voir avec ses deux oeuvres précédentes, Pension mimosas et La kermesse héroïque. Il est entièrement dévolu à l'idylle entre les deux héros, dans le chaos de la guerre civile entre rouges et blancs. Ultra romanesque et spectaculaire à l'occasion, un bon film un peu impersonnel, dont la crédibilité n'est pas le fort, mais on s'en fiche. Feyder, qui avait magnifié Garbo dans Le baiser, montre ici une Dietrich descendue de son piédestal, dont il gomme même la sensualité rauque de la voix. A prendre comme un divertissement et évidemment pas comme une étude sociologique ou politique de la Russie de 17.

Meurtre en 45 tours (Etienne Périer, 1959)
Deuxième réalisation d'Etienne Périer. Scénario plutôt astucieux dans le genre thriller horrifique soft. Gâché par une mise en scène terne au possible. Danielle Darrieux, Jean Servais, Miche Auclair font ce qu'ils peuvent dans ce film définitivement laborieux. Et si on faisait un remake, on l'appellerait : Tout juste des CD ?

Frisco Jenny (William Wellman, 1932)
L'un des 6 films tournés par Wellman en la seule année 32. Du tremblement de terre de San Francisco en 1906 aux années de prohibition, en passant par les caves de Chinatown, le cinéaste raconte en 70 minutes la gloire et la chute d'une héroïne qui se sacrifie pour son fils qu'elle a dû abandonner. Un thriller qui se transforme au fil des minutes en mélodrame intégral. Toute la virtuosité et l'efficacité de Wellman dans ce petit film où l'oubliée Ruth Chatterton étincelle.

Souvenirs perdus (Christian-Jaque, 1950)
C'est une sorte de mystère : les films à sketches français ne valent en général pas tripette, alors qu'en la matière les réussites italiennes, voire britanniques, sont légion. En l'occurence, ici, l'argument en vaut un autre : chaque objet déposé au bureau des objets perdus a une histoire à raconter. Malgré les contributions des frères Prévert et de l'excellent Henri Jeanson, les quatre récits du film sont assez pauvres. Ce n'est que prétexte à un joli défilé d'acteurs : Brasseur, Feuillère, Périer, Delair, Philipe, Delorme, Blier, Montand ... On passe du sentimental au dramatique et du burlesque au psychologique, mais de façon morne et terne. Pas bien fameux, tout ça.


Des filles pour l'armée (Le soldatesse, Valerio Zurlini, 1965)
En Grèce, pendant la Seconde Guerre mondiale, une dizaine de prostituées sont recrutées par l'armée d'occupation italienne pour remonter le moral des troupes et acheminées par camion sous escorte. Film de réputation mineure de Zurlini, et pourtant quelle superbe réalisation. Oublions le titre français, ce voyage, de plus en dramatique, est une remarquable oeuvre sur l'absurdité de la guerre et les rencontres fortuites qu'elle occasionne. La psychologie des prostituées et des soldats qui les accompagnent est à l'opposé de ce qu'on pourrait attendre, tout manichéisme ou angélisme étant bannis de ce film aux accents néo-réalistes. Extraordinaire photo en noir et blanc et interprétation subtile de trois actrices à tempérament : Lea Massari, Marie Laforêt, Anna Karina. Je pense que Zurlini mériterait une plus grande place dans le panthéon des cinéastes italiens. Et plus je progresse dans sa filmographie, plus ma conviction se renforce.




01/10/2010
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