Moisson de vieux films (Octobre/5)


L'aventurier (Marcel L'Herbier, 1934)
Une très bonne surprise de la part de L'Herbier, cinéaste souvent médiocre (sauf dans la période du muet). Bien écrit, L'aventurier est une virulente attaque contre les compromissions des politiques de la troisième république et la bourgeoisie de province, à la tête d'empires industriels. Comme un chien dans un jeu de quilles, de retour des colonies, l'aventurier incarné par Victor Francen révèle la vraie nature de ce petit monde : lâche, cupide et incompétente. Un vrai tir aux pigeons que ce film aux accents "chabroliens" avant la lettre. Dans le rôle de la jeune ingénue, charmante d'ailleurs, débute une certaine Gisèle Casadesus, 20 ans. Oui, celle-là même qui a donné la réplique à Depardieu dans La tête en friche, cette année. Elle a 96 ans aujourd'hui, Gisèle, mais elle est toujours aussi adorable. Jean Marais joue lui un jeune ouvrier, mais il faut bien ouvrir les yeux pour le reconnaître.

Les yeux de Satan (Child's play, Sidney Lumet, 1972)
Adapté d'une pièce qui fit un bide à Broadway. Histoire en vase clos d'un lycée catholique où les événements se précipitent : un vieux professeur (James Mason, subjuguant) se dit harcelé par un collègue, des élèves se mutilent, une chapelle est profanée ... Ca va mal finir, pour sûr, si Satan l'habite (le lycée). C'est un Lumet un peu lourd, ça lui arrive assez souvent, à vrai dire, qui hésite entre le suspense psychologique et le fantastique. Une oeuvre hybride, pas dénuée de qualités mais trop chargé d'effets grossiers.

Les coquelicots (Gubijinsô, Kenji Mizoguchi, 1935)
Les coquelicots est une adaptation d'un roman de Natsume Soseki. Il s'agit d'un drame bourgeois et des amours contrariées par la société de deux femmes l'une plus traditionnelle, l'autre plus moderne, soumises au pouvoir des hommes. Assez atypique dans la carrière de Mizoguchi, un mélodrame qui rappelle Naruse et qui se situe largement en-dessous des Soeurs de Gion, tourné l'année suivante.

La fille dont on parle (Uwusa no musume, Mikio Naruse, 1935)
55 minutes seulement, mais quelle densité ! Une histoire de famille compliquée avec deux soeurs en bisbille, un mariage arrangé, une maîtresse qui pourrait bien être leur mère, un mariage arrangé qui tourne court, un père qui finit en prison. Entre autres. Et la rumeur qui court ... C'est magistral avec un montage au rasoir. A revoir, pour être sûr d'avoir tout saisi.


J'ai même rencontré des tziganes heureux (Skupljaci perja, Aleksandar Petrovic, 1967)
Petrovic est le meilleur représentant du cinéma yougoslave des années 60/70 (Trois, Il pleut sur mon village, Portrait de groupe avec dame). J'ai même rencontré des tziganes heureux est son plus célèbre, Grand prix du jury à Cannes, nommé aux Oscars. Très beau film, esthétiquement parlant, à la narration éclatée qui est autant un drame qu'une comédie avec valeur de documentaire sur la vie des tziganes en Voïvodine. Réaliste, façon slave, et nourri de plumes d'oie et de nombreuses chansons "folkloriques". Le film a été classé 2ème meilleur film serbe de la période 1947-1995 derrière Qui chante là-bas de Slobodan Sijan.





01/11/2010
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