On est chapka à son destin (La 7e victime)
Lieutenant-colonel Marina Anatolyevna Alexeyeva,
dite Alexandra Marinina, au rapport ! Avec 25 polars au compteur, dont
une petite dizaine seulement a été traduite en français, l'ancienne
gradée de la milice de Moscou, reconvertie romancière, est une
stakhanoviste qui écrit plus vite que son ombre. Son style s'en ressent
d'ailleurs, mais la qualité d'écriture, honnête cependant, n'est pas ce
que l'on recherche en priorité chez l'auteure russe. "Tout au long des
années où j'ai traité le crime, j'ai appris qu'il n'y a rien
d'intéressant au sujet du crime lui-même. C'est pourquoi mes livres
n'ont pas pour sujet des crimes. Je m'intéresse à des individus, à leurs
vies, âmes et pensées, même si leurs actes sont criminels." La 7e
victime, paru cette année, a été publié en 1999 en Russie. Un détail qui
a son importance car il est sans cesse fait référence à la crise
financière de l'année précédente, qui a paupérisé une grande partie de
la population du pays. Une fois de plus, au-delà de son intrigue
policière, Marinina raconte la Russie post-communiste, sa violence, sa
corruption, mais aussi le quotidien des petites gens, de plus en plus
difficile. Son héroïne, Anastasia Kamenskaïa, a beau être officier de
police, avec sa paie de 100 dollars par moi, elle subit comme les autres
les effets de la récession et vit dans un appartement en plein
chantier, faute de pouvoir mener à bien les travaux. Drôle de
personnage, soi dit en passant, qui fume comme un pompier, laisse son
mari cuisiner, car elle en est incapable, et s'avère excessivement
trouillarde quand un serial killer semble la menacer. La 7e victime est
l'un des meilleurs livres de Marinina, parmi ceux parus en France, non
seulement pour ses aspects sociologiques et psychologiques, mais aussi
pour la maîtrise du récit policier lui-même, grâce à une construction
astucieuse dans laquelle l'assassin et ses proches se confient à tour de
rôle, sans bien entendu que l'on sache qui ils sont, jusqu'aux
dernières pages. On est chapka à son destin !