On n'est pas sérieux quand on a 87 ans (Les herbes folles)
Et dire que Alain Resnais a 87 ans ! Au vu de son dernier opus (mot horriblement galvaudé mais qui convient bien à Les herbes folles), il y a de quoi se pincer. Ce n'est pas si souvent qu'un film aussi ludique, d'une liberté inouïe, atterrit sur nos écrans. Ce mix improbable entre Providence et Smoking/No smoking est drôle, absurde, philosophique, inquiétant, tendre, bref...vivant. Un manège enchanté en forme de montagnes russes qui nous entraîne dans un dédale où il faut surtout s'abandonner en laissant de côté son esprit cartésien. Vive la fantaisie de Resnais, les cheveux couleurs incendie d'Azema, les pulsions de Dussolier et ses seconds rôles qui, pour une fois dans le cinéma français, en ont un (de rôle) à jouer, dans le registre énigmatique : Amalric, Devos, Consigny, que des acteurs crémeux à coeur. Sans oublier la voix off de Edouard Baer, qui devient personnage à part entière. On pourrait gloser des heures entières sur la signification réelle du film et ses multiples lectures. Foin d'exégèses, ce qu'on retient avant tout c'est le bonheur de filmer de Resnais. On n'est pas sérieux quand on a 87 ans !