Pouvoir blanc et violence noire (Disgrace)

Disgrace n'est absolument pas un film "aimable". Comprendre qu'il ne cherche pas à séduire le spectateur qui devra faire avec son aridité, ses personnages peu sympathiques à la psychologie complexe, sa violence larvée ... En cela, le réalisateur, Steve Jacobs, est plutôt fidèle à l'esprit du roman de Coetzee. Et à un pays, l'Afrique du sud, où la période post-apartheid n'est pas un arc-en-ciel de bons sentiments, marqué par la grande réconciliation, loin de là. Invictus était une sorte de fable, une belle vitrine où l'icône Mandela jouait le rôle de magicien (et on avait le droit d'y croire et d'aimer ça) ; Disgrace, c'est l'envers du décor, âpre, insupportable par moments, un film sur la soumission à des règles non écrites mais réelles : à la ville (le pouvoir blanc), à la campagne (la violence noire). Manichéisme ? Tout l'inverse, les caractères sont complexes, les âmes ni blanches, ni noires, dans un territoire balisé où chacun obéit à un état de fait culturel avec un fatalisme, difficile à comprendre quand on ignore l'histoire sud-africaine. La force de Disgrace provient de son imprévisibilité (on s'attend à chaque seconde au pire) et de son intransigeance et, surtout, de son sens de l'espace qui magnifie les paysages et apaise quand la tension est trop grande. Son héros (Malkovich, presque trop parfait) sert évidemment de révélateur dans le sens où il représente celui qui voudrait changer l'ordre des choses, sans se rendre compte que l'objectif est inatteignable. Disgrace n'est pas un film aimable et provoque un certain malaise (salutaire ?). Mieux vaut être prévenu qu'on en sort pas indemne mais assez choqué (pour le meilleur ou pour le pire selon la sensibilité de chacun).




03/02/2010
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