Récolte de vieux films (Janvier/1)


Les surprises de la TSF (So this is Paris, Ernst Lubitsch, 1926)
Sexe, mensonges et radio. Une farce amoureuse, bulledesavonesque. C'est léger, c'est primesautier, c'est un hymne à Paris "une ville où l'on ne s'ennuie jamais." Un peu coquine, jamais égrillarde, cette adaptation d'une pièce française a un charme fou. Un film muet spirituel, élégant et sophistiqué ? Du Lubitsch, bien sûr. Who else ?

Barabbas (Barabba, Richard Fleischer, 1962)
Belle adaptation du livre de Pär Lagerkvist. Un péplum, oui, mais qui se situe dans la frange supérieure du genre, le carton-pâte étant délaissé au profit d'une tentative de réalisme plutôt réussie. Peu de scènes d'action, mais brillantes, celles des jeux du cirque en particulier. Le personnage de Barabbas est fascinant, interprété par un excellent Anthony Quinn. La distribution a fière allure : Palance, Gassman, Borgnine, Mangano.

Fortunat (Alex Joffé, 1960)
1942, Alex Fortunat, brave homme un peu benêt, aide une grande bourgeoise à franchir la ligne de démarcation et à s'installer à Toulouse avec ses deux enfants. Ils resteront deux ans ensemble. C'est le genre de film, tourné en pleine "Nouvelle vague", qui fut vilipendé pour son académisme. Avec la patine du temps, le regard a changé. Fortunat est une oeuvre pleine de tact et de pudeur, qui évite les pièges du mélodrame, et recrée avec soin la période de l'Occupation. Michèle Morgan et Bourvil se retrouvent deux ans après Le miroir à deux faces. A la finesse de jeu de la première répond la faconde et la sensibilité du deuxième, dans un de ses tous meilleurs rôles. Surprise du chef : l'un des enfants est incarné, non sans tempérament, par un dénommé ... Frédéric Mitterrand.

Le saut de l'ange (Yves Boisset, 1971)
Règlements de compte sanglants sur fond de campagne électorale à Marseille. Un Boisset du début des années 70, soit sa bonne période, d'une violence primaire qui emprunte tous les codes de la série noire. Au passage, le film s'attaque aux magouilles politiques (Le SAC est impliqué, pour ceux qui se souviennent de cette funeste organisation). Evidemment, ce n'est pas du Rosi, mais c'est fichtrement efficace. Jean Yanne est crédible en justicier au sang froid, Sterling Hayden s'ennuie avec style et la pulpeuse Senta Berger joue les utilités avec grâce. Ca se regarde.


Boccace 70 (Boccaccio 70, Mario Monicelli, Federico Fellini, Luchino Visconti, Vittorio de Sica, 1962)
Une adaptation moderne des contes pour adultes de Boccace, soir quatre segments mis en scène par les plus grands du cinéma italien, pour une durée de 3h20 (!). Monicelli se contente d'une histoire anodine vite oubliée. Le sketch de Fellini est brillant, de plus en plus délirant au fil des minutes, attaque virulente contre les bonnes moeurs. Visconti filme avec cruauté un couple de la grande bourgeoisie où règne la mesquinerie. Romy Schneider est très belle. De Sica, enfin, est le plus égrillard de tous avec un récit réjouissant d'une loterie dont le gros lot est la sculpturale Sofia Loren. Vainqueur par KO de ce match à 4 ? Fellini, et de loin. Le film à sketches est une spécialité italienne, mais ce Boccace 70 n'a pas l'ombre d'une chance de rivaliser avec le chef d'oeuvre du genre : Les monstres.


09/01/2011
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