Récolte de vieux films (Janvier/2)

Trois noisettes pour Cendrillon (Tri orisky pro Popelku, Vaclav Vorlicek, 1973)
Après avoir parodié avec bonheur le western (Qui a tué Jessie ?) et le film de sorcières (La fille sur le balai), Vorlicek se montre bien sage dans son adaptation de Cendrillon. Un joli livre d'images, destiné plutôt aux enfants, où Cendrillon, aidée de trois noisettes magiques et d'une chouette bienveillante, conquiert le coeur de son beau prince. Mignon tout plein.
La famille Marathon (Maratonci trce pocasni krug, Slobodan Sijan, 1982)
Printemps 1934 en Serbie : temps heureux pour les Topalovic, famille de croque-morts depuis cinq générations qui vient d'inaugurer un four crématoire aux performances imprévisibles. Le deuxième film de Slobodan Sijan est encore plus loufoque que son précédent, Qui chante là-bas, et nettement moins réussi. Tout finit par une fusillade dantesque à l'américaine. Amusant, mais dispensable.

Qu'est-ce que la dame a oublié ? (Shukujo wa nani o wasureta ka, Yasujiro Ozu, 1937)
Un titre amusant, un film qui ne l'est pas moins. Une véritable comédie où la bonne entente entre une nièce de passage et son oncle mettent un peu de fantaisie dans un couple vieillissant où la femme porte la culotte. On y boit, on y fume, on se lance de belles vacheries (les scènes entre trois "Desperate Housewives" sont hilarantes), on fréquente les maisons de geishas. Dans un bar, on aperçoit une citation de Don Quichotte : ""Je bois pour fêter certaines occasions, je bois aussi quand il y en a pas". Un Ozu gai, subtil, drôle et irrésistible.
Oyuki la vierge (Maria no oyuki, Kenji Mizoguchi, 1935)
Une adaptation partielle du Boule de suif de Maupassant, dans le contexte de la rébellion des samouraïs contre l'armée impériale, en 1877. Le film, par sa grandiloquence et son interprétation outrée rappelle le cinéma muet, que Mizoguchi eut du mal à abandonner. Pas une oeuvre majeure, certes, mais beaucoup de thèmes mizoguchiens s'y trouvent, en particulier celui du sacrifice des femmes dans une société qui les relègue, au mieux à un rang de courtisane.
Le destin de madame Yuki (Yuki fujin ezu, Kenji Mizoguchi, 1950)
Avec Melle Oyu et La dame de Musashino, le film constitue une sorte de trilogie autour de femmes appartenant à une classe privilégiée et malheureuses comme les pierres. Madame Yuki est une femme qui ne se réalise que dans l'amour physique et, malgré son mépris pour son mari, elle cède le plus souvent à ses avances. Le film est un mélodrame très appuyé, au contenu érotique fort, bien que dissimulé par les conventions de l'époque. Toutes les péripéties et drames y sont vus à travers le regard des domestiques dont les commentaires éclairent le récit souvent elliptique. Le film est loin d'avoir la qualité des chefs d'oeuvre des années suivantes, mais la mise en scène est admirable et les images en noir et blanc, avec un lac en toile de fond, sont stupéfiantes de beauté.
