Sans perdre les pétales ( Rosa candida)
Portrait d'Arnjoltur, 22 ans : un garçon nonchalant et naïf, que les circonstances de la vie ont fait évoluer sans que le mûrissement soit complet. La finesse psychologique, c'est l'un des talents d'Audur Ava Olafsdottir, cette romancière que l'on découvre avec Rosa candida, un livre absolument délicieux qui conte comment, en passant du nord au sud de l'Europe, cet islandais candide d'Arnjoltur va devenir un homme, un amant, un père et un fils. Le livre, un temps road-movie, se fixe dans un pays indéterminé (la Grèce, la Macédoine, l'Albanie ?), plus précisément dans le jardin d'un monastère où notre héros va exercer son art, et apprendre bien des choses de la vie, notamment au contact d'un moine fou de cinéma et conseiller conjugal à l'occasion. C'est un roman où l'horticulture a une grande place, avec cette fameuse rose à 8 pétales, mais aussi la cuisine (ah, les conversations téléphoniques entre le père et le fils où l'évocation de recettes est une façon détournée de parler de la mère défunte et de se dire leur amour réciproque). Rosa candida est aussi, et surtout, une histoire d'amour à l'envers : on passe d'abord un 1/4 de nuit ensemble puis, bien plus tard, on se parle et on envisage, peut-être, une vie à deux (à trois puisqu'une adorable petite fille est née). Audur Ava Olafsdottir a écrit un roman drôlement délicat et délicatement drôle, qui ne perd jamais les pétales et ne lâche pas son héros d'une semelle. Celui-ci sort grandi du livre et le lecteur pareillement.