Suite japonaise (3)

Yasuzo Masumura (1924-1986) est né à Kōfu sur l'île de Honshū. Il suit les cours de droit de l'université de Tokyo, qu'il abandonne pour travailler comme assistant directeur aux studios Daiei Motion Picture. Il choisit ensuite de retourner à la même université, cette fois-ci pour étudier la philosophie. Il en sort diplômé en 1949. Il obtient ensuite une bourse d'étude qu'il utilise pour apprendre la réalisation au Centro Sperimentale di Cinematographia, en Italie, sous la tutelle de Michelangelo Antonioni, Federico Fellini et Luchino Visconti. Il revient au Japon en 1953, et à partir de 55, il devient assistant-réalisateur sur des films réalisés par Kenji Mizoguchi et Kon Ichikawa. Il réalise enfin son premier film en 1957 : Les baisers.
Sur les 30 années suivantes, il dirige plus de 60 films, dont les plus célèbres : L'Ange rouge, Giants & Toys, La bête aveugle, La Femme de Seisaku, Tatouage...

Les baisers (1957).
Une petite romance toute simple pour les débuts de Masumura. Déjà un style mais un manque de substance évident.

Géants et jouets (1958).
Marketing effréné, publicité envahissante, stars préfabriqués : Masumura dégomme le capitalisme japonais avec un appétit d'ogre. Film survolté, quasi hystérique qui se paie la société de consommation en plein essor et déshumanisée. Visionnaire.
Le gars des vents froids (1960).
Un film de yakuza, clinique et rythmé comme un film américain. Drôle, avec des ruptures de ton étranges. Comme un avant-goût des futurs films de Kitano. Cerise sur le gâteau : Yukio Mishima dans le rôle principal !
Black test car (1962).
Un film d'espionnage industriel à la construction impeccable. Précis comme un documentaire et sans concession.
La femme de Seisaku (1965).
Epoustouflant. Un film qui allie puissance visuelle, concision du récit et efficacité de la mise en scène. Passionné, sensuel, c'est un hymne à l'amour fou face à la médiocrité et au rejet de tout en village. Une tragédie grecque à la sauce japonaise.

L'ange rouge (1966).
Eros et Thanatos. Film audacieux qui évoque la guerre (en 39 en Chine) sans tabous. Viol collectif, accoutumance à la morphine, suicides, chirurgie expéditive : le film de Masumura est d'une crudité à peine soutenable. Il y a même la place pour une histoire d'amour au milieu de la mitraille. D'un érotisme morbide.
Tatouage (1966).
Irezumi en V.O. D'après une nouvelle de Tanizaki, avec la très belle Ryako Wakao. Portrait d'une geisha venimeuse qui sème la mort autour d'elle. Un poil trop théâtral mais saisissant par sa violence, son érotisme et sa perversité.
La bête aveugle (1969).
L'histoire de cette jeune femme prisonnière d'un sculpteur aveugle et fétichiste évoque à la fois L'obsédé de Wyler et La cité des femmes de Fellini. Un huis-clos sauvage complètement fou qui dépasse largement les limites de la bienséance. A comparer avec Le voyeur de Michael Powell dans la perversité malsaine.



03/08/2009
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