Trois pas avec Barakat

Henry Barakat (1914-1997) a tourné 84 films dont la plupart sont considérés comme des classiques en Egypte. Des comédies musicales et des mélodrames, réalisés souvent d'après ses propres scenarii ou adaptés d'auteurs pionniers de la littérature arabe moderne (Taha Hussein, Youssef Idriss, Ihsan Abdel Qoddous). Malgré le caractère prolifique de sa carrière, ses exégètes insistent sur la qualité constante de son oeuvre. Après La prière du rossignol (59), somptueux mélo, j'ai donc décidé de me pencher de plus près sur ce cinéaste.


Ne le dis à personne (Ma takulshi la hada, 1952)
Du cinéma loukoum. Une comédie sentimentale et musicale, parfois très suggestive dans les scènes de danse, qui ne manque pas de sel et surtout de rythme. Le jeu désastreux du célèbre Farid Al Atrache, bien meilleur chanteur qu'acteur dessert ce divertissement correctement mis en scène bien que sans surprise.


La porte ouverte (El bab el maftuh, 1964)
Ecrit en collaboration avec la romancière communiste Latifa al-Zayate, c'est semble t-il, l'un des films les plus engagés de Barakat. Très nationaliste, l'action se passe au moment de la crise de Suez, il est surtout un plaidoyer pour l'émancipation féminine et contre les "convenances", les mariages arrangés et le machisme ambiant. La note sentimentale, incontournable, ne fait que renforcer l'aspect rebelle de l'histoire, très ancrée dans le social. Outre la fluidité de la mise en scène et des moments dignes du néo-réalisme italien, on ne peut que s'extasier devant le talent et la beauté de la grande Faten Hamama, actrice fétiche du cinéaste, et star incontestée du cinéma arabe.


Un homme chez nous (Fi baitina rajul, 1961)
La résistance égyptienne face à l'occupation anglaise, avant la révolution de 1952 et l'arrivée de Nasser au pouvoir. Quelques passages très patriotiques, mais avant tout une description précise des sentiments de la bourgeoisie cairote durant ces années troublées. L'intrigue -l'assassin du premier ministre de l'époque, traqué, se réfugie dans une famille apolitique- n'est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, celle des Bourreaux meurent aussi de Lang. Pas exempt de défauts (sentimentalisme appuyé), un peu long (2H30), le film est très explicite sur les méthodes policières. De la belle ouvrage dans l'ensemble, avec un Omar Sharif magnétique.


05/09/2010
4 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 9 autres membres