Un Cree dans la nuit (Les saisons de la solitude)

Des ours, des lacs gelés et des personnages en recherche d'identité : La saison des solitudes de Joseph Boyden est comme une longue complainte indienne, dans les territoires situés au nord de l'Amérique. Will est un Cree dans la nuit (Les Cree canadiens sont des indiens dont l'existence est intimement lié aux cycles de la nature), Annie, sa nièce, est une Cree dans la lumière factice des spotlights new yorkais. Joseph Boyden mène de front le récit de leurs deux histoires, violentes, heurtées, désespérées. Le portrait de Will, qui pendant des jours et des jours vit seul au milieu de la forêt est extraordinaire, décrit en une langue âpre et râpeuse. Celui de Annie est plus artificiel, moins convaincant, sans doute parce que Boyden évoque un monde qu'il connait moins ou qui l'intéresse peu. Comme les chapitres concernant l'un et l'autre héros sont alternés, un certain déséquilibre s'installe, sans pour autant que le lecteur ne décroche, jusqu'au dénouement et à l'alliance de ces deux solitudes. Le roman, puissant et tellurique, est réellement impressionnant quand il s'attarde sur cet homme perdu dans une immensité hostile qui retourne à ses rituels ancestraux de chasse et de survie. Le livre de Joseph Boyden a du souffle et de l'ampleur, ses aspects les plus convenus et attendus (la nature, c'est mieux que la civilisation) sont finalement balayés par un style qui conjugue force et poésie rugueuse.



23/11/2009
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