Un western, un vrai (True Grit)
Vous aimez les westerns, les vrais, où l'on sent
physiquement la poussière, la saleté et le goût du sang ? True Grit en
est un, et de la plus belle eau (de vie). Et non, ce n'est pas un remake
de 100 dollars pour un shérif, film poussif de Hathaway, tout entier
destiné à mettre en valeur un John Wayne vieillissant. Le matériau de
base est le même, le roman d'un certain Charles Portis, et c'est tout.
Sur l'affiche du film des frères Coen, on ne voit que le borgne Jeff
Bridges. Sa composition est savoureuse (et quel organe vocal, dommage
pour ceux qui ne verront que la VF), mais elle est quasiment éclipsée
par celle de la jeune Hailee Steinfeld, dont l'aplomb (dans la tête) est
proprement sidérant. Une actrice est née, ce serait bien le diable si
on n'entendait pas parler d'elle dans le futur. Quant à Matt Damon,
méconnaissable, son jeu, tout en subtilité, complète à merveille la
prestation de ces deux petits camarades. Un vrai western donc,
classique, à la mise en scène renversante (les pendaisons, la traversée
d'une rivière à cheval, les fusillades) avec 20 dernières minutes à
couper le souffle. Et la Coen's touch, dans tout ça ? Elle est bien
présente, même si moins marquée que d'habitude, dans des dialogues qui
claquent comme des fouets, dans le défilé de trognes improbables, dans
l'irruption de la violence, sèche et sans concession. Si vous aimez les
westerns, courez-y ! Si vous détestez les westerns, raison de plus pour y
aller. Ne serait-ce que pour prendre une petite leçon de réalisation.