Au coin des rues de Jaffa (Ajami)

Ajami a représenté Israël pour l'Oscar du meilleur film étranger 2010. Vu la qualité moyenne du cinéma local, c'est forcément déjà le signe que cette oeuvre co-écrite et co-dirigée par Scandar Copti (35 ans) et Yaron Shani (37 ans) n'est pas banale. Sachant que l'un est est juif et l'autre arabe, c'est aussi l'assurance d'un regard neuf sur la situation au Moyen-Orient. Mais si Ajami est un film politique, il est aussi social (l'extrême dénuement de ce quartier emblématique de Jaffa) et romanesque (avec ses fratries divisées et ses idylles interreligieuses). La violence n'est pas juive ou arabe, elle est partout, à chaque coin de rue et les réalisateurs ont choisi la forme du thriller pour témoigner d'un quotidien délétère. Impossible alors de ne pas penser au Scorsese de Mean Streets, pour la tension permanente et la sensation que tout peut arriver, notamment le pire, à chaque instant. Impeccable sur le fond et la forme, le film est aussi innovant dans sa construction, avec ses 5 chapitres qui bousculent la chronologie et les points de vue. Il est aisé de se perdre dans les dédales d'une narration trop sophistiquée qui éclaire certains faits (racontés parfois sous deux angles différents, à une demi-heure de distance) et en délaisse d'autres. Pour cette raison, le film peut laisser à distance, au moins à la première vision. Une incitation pour retourner le voir et comprendre enfin toutes les complexités d'un scénario largement plus dense que la moyenne.



08/04/2010
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 9 autres membres