Au ras du bitume (Carancho)

Carancho : oiseau qui se nourrit d'animaux morts. Comme Sosa, avocat véreux qui s'engraisse sans états d'âme sur le dos des familles des victimes de la route (les accidents de la circulation, un vrai fléau argentin). Le 6e long-métrage de Pablo Trapero, présenté à Cannes l'an dernier, est d'une grande noirceur et se distingue par son climat oppressant et une mise en scène fiévreuse et nerveuse. On reprochera certainement au cinéaste d'avoir réalisé un film "américain" qui évolue progressivement vers le thriller nocturne. Argument recevable, mais l'aspect social, voire politique, est bien présent. Autre intérêt : cette liaison, on n'ose parler d'histoire d'amour, entre Sosa et une urgentiste toxicomane, comme la réunion de deux solitudes et de deux douleurs indicibles. Ces personnages sont incarnés par l'indispensable Ricardo Darin et Martina Gusman, l'épouse du réalisateur, formidable dans le précédent film de son mari, le très beau Leonera. Ce tandem de losers est filmé au ras du bitume, dans une ambiance morbide qui culmine dans une scène finale, d'une ironie suprême. Dans un registre voisin, Carancho n'a vraiment pas à rougir de la comparaison avec A tombeau ouvert de Scorsese.



02/02/2011
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