Comme un fleuve qui déborde (Le trône du paon)
C'est un pavé de 800 pages bien serrées qui raconte le quotidien du plus grand bazar de Delhi. Le trône du paon est un roman labyrinthique, touffu, dans lequel on se perd corps et bien. Bien sûr, elle est présente l'Inde tel qu'on la connait où on se l'imagine, avec ses odeurs mêlées de safran et de pourriture. Des dizaines de personnages traversent ce roman fleuve qui charrie son lot d'événements (la plupart authentiques) : attentats, émeutes, élections, immolations...La violence, la mort, la corruption, la prostitution : Sujit Saraf dresse un tableau impitoyable de son pays et de ses habitants avec ces affrontements entre riches et pauvres, musulmans et hindous ou sikhs. Même avec un minimum de culture indienne, le lecteur ne peut que se noyer dans la multiplication des intrigues et des coups de théâtre. Dommage, la littérature indienne contemporaine n'est pas chiche de grands livres au souffle ample et à l'ambition démesurée. Leur réussite est souvent d'isoler une ou deux figures au milieu du capharnaüm ambiant afin de garder certains repères (voir les 1000 pages d'Un garçon convenable de Vikram Seth, par exemple). Le trône du paon brasse trop large et dévaste tout sur son passage, comme lors d'une crue du Gange. On n'y survit pas.