Moisson de vieux films (Août/3)


Kanchanjangha (Satyajit Ray, 1962)
Promenades, rencontres et conversations au pied de l'Himalaya. L'air pur de Darjeeling est propice aux décisions, aux conciliations. Le film choral de Satyajit Ray est d'abord déconcertant, par son côté anodin. Il faut laisser infuser, pour s'apercevoir que, sous une apparente légèreté, le cinéaste nous parle de l'usure du couple, de l'émancipation des femmes, des mariages arrangés, des différences de caste ... Pas aussi futile qu'il y parait, à première vue. Sa simplicité et sa modestie sont ses plus belles qualités.

Le boulanger de l'empereur/L'empereur du boulanger (Cisaruv Pekar a Pekaruv Cisar, Martin Fric, 1951)
Le ou plutôt les films les plus populaires du cinéma tchécoslovaque, régulièrement diffusés à la TV tchèque au moment de Noël. Ce diptyque (1h19 + 1h03) a eu un tel succès dans son pays qu'il a été immédiatement exporté dans le monde entier, raccourci de 30 minutes. Le sujet comico-fantastique, tourne autour du légendaire Golem avec pour toile de fond un empire où les bourgeois s'enrichissent et les pauvres crèvent de faim. Heureusement, un boulanger sosie jeune de l'empereur, va remédier à tout cela avec l'aide du peuple. Une oeuvre de propagande ? Certes, mais avec légèreté, la fantaisie et l'humour prenant le pas sur le didactisme. En couleurs, qui plus est, avec de somptueux costumes conçus par le célèbre cinéaste d'animation Jiri Trnka. Un très aimable divertissement, ma foi.

Nick Carter va tout casser (Henri Decoin, 1964)
Faut pas l'énerver le Nick, il va se fâcher grave, cogner dur et défourailler sévère. Ok, c'est un peu le James Bond du pauvre, mais quelle poilade ! A prendre au dixième degré, avec ses dialogues à encadrer ("Je suis trop vieille pour mourir jeune"), ses scènes d'action enlevées et un Eddie Constantine de gala, très en forme pour son âge, et encore capable de séduire les petites poupées qui se trouvent sur son passage. Sans oublier les clins d'oeil à la caméra, façon de dire "relax, ce n'est que du cinoche." Dernier film d'Henri Decoin, après une carrière inégale mais pas négligeable.

Les deux visages du Dr Jekyll (The two faces of Dr Jekyll, Terence Fisher, 1960)
Une version chatoyante et flamboyante du célèbre roman de Stevenson. Qui, sans égaler le film de Mamoulian (1932), ne manque pas d'originalité avec un Jekyll, laid comme un pou, et abondamment cocufié, et un Hyde beau garçon pervers polymorphe. Plaisant, vraiment.


Mickey One (Arthur Penn, 1964)
Le film le plus étrange, le plus confus, et le plus expérimental du grand Arthur Penn. La fuite en avant d'un artiste de cabaret, qui se clochardise peu à peu, dont les motivations semblent plus qu'obscures. Une vague réminiscence de la Nouvelle Vague française, couplée à l'ambiance des films noirs pour une oeuvre paranoïaque et kafkaïenne, qui a quelque chose de fascinant dans sa volonté suicidaire. A sauver : la photo, superbe noir et blanc, et les impros au saxo de Stan Getz. Warren Beatty n'est pas très bon et c'est compréhensible dans le sens où il n'avait aucune idée de ce qu'il jouait. Moins de trois ans plus tard, Penn et Beatty se retrouvaient pour Bonny and Clyde. Une toute autre dimension.



24/08/2010
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 9 autres membres