Portrait de femme en voie d'émancipation (Puzzle)
Puzzle ressemble beaucoup à Joueuse (Maria Onetto est aussi brillante que l'était Sandrine Bonnaire). Même portrait de femme, entre deux âges, même triste routine quotidienne, même existence sans espoir particulier. Et puis le déclic, la passion de jouer qui s'installe, les puzzles dans un cas, les échecs dans l'autre, et la rencontre d'un mentor, une vie intérieure qui reprend des couleurs. Le film argentin se distingue de son homologue français par une grande finesse psychologique et se garde bien d'explorer toutes les pistes qui s'offrent à sa discrète héroïne. De la compétition que celle-ci dispute, Natalia Smirnoff ne montre presque rien, parce que là n'est pas l'essentiel, parce qu'elle aime laisser des blancs que chacun remplira à sa guise. A l'arrivée, ce splendide film sur l'émancipation tranquille d'une femme séduit par sa pudeur et son refus des clichés. Une pépite de plus dans le paysage de l'heureux cinéma argentin.