Rien contre le mal de mère (Maudit soit le fleuve du temps)
La quatrième de couverture de Maudit soit le
fleuve du temps évoque un roman pudique et émouvant. Le ressenti est :
trop pudique et pas spécialement émouvant. Le coeur de l'intrigue est la
relation difficile entre Arvid, le narrateur, et sa mère, qui lui a
toujours préféré son frère, décédé trop jeune. On s'attend donc à une
grande explication entre la mère et le fils, à un vrai dialogue où les
choses seraient mises sur la table, une fois pour toutes. Rien du tout,
cela n'arrive jamais. A la place, l'auteur se complait à décrire la vie
d'Arvid, sa jeunesse militante, son mariage qui prend l'eau. Les allers
et retours entre présent et passé sont incessants et plutôt lassants. A
dire vrai, Arvid n'est pas un personnage très intéressant : velléitaire,
mou, pathétique. Gênants aussi, les poncifs récurrents sur le sens de
la vie. Des truismes tels que l'on se demande si la traduction est à
mettre en cause. Globalement, ce livre fait l'effet d'un voyage en
montgolfière : on survole les paysages et les gens, sans s'en approcher
suffisamment. Il est tentant de comparer Per Petterson avec Linn
Ullmann, norvégienne également, dont le dernier roman est de la même
façon composé de nombreux flashbacks. La différence est que cette
dernière donne de la chair à ses personnages et livre une intrigue qui a
un vrai ressort dramatique. Il y n'a pas de communication véritable
entre la mère et le fils dans Maudit soit le fleuve du temps. Et c'est
un peu le même cas de figure entre le livre et son lecteur. Un vrai
regret car Petterson a potentiellement les qualités et la sensibilité
pour être un auteur passionnant.