Tintouin au Congo (Mais le fleuve tuera l'homme blanc)
Depuis combien de temps Patrick Besson n'a t-il pas écrit un bon livre ? 10 ans ? Mais le fleuve tuera l'homme blanc, sinueux roman de 450 pages, marque son retour de façon fracassante, livre ambitieux et audacieux, construit sur plusieurs étages de narration, polyphonique et labyrinthique. Besson a un certain nombre d'atouts dans sa manche : la fluidité de son écriture et une capacité à toujours retomber sur ses pieds, entre autres. Thriller à la John Le Carré, Mais le fleuve..., très documenté sur la politique africaine, est bien plus que cela, une sorte d'hommage au continent noir, en dépit, ou grâce à un cynisme et un réalisme exacerbés. A Brazzaville, l'auteur nous joue Tintouin au Congo, n'épargnant personne, que ce soient les dirigeants du pays ou les nouveaux colons en costume bleu pétrole. Mais c'est bien le Rwanda et le massacre Tutsis/Hutus qui lui inspirent les pages les plus déchirantes. Une vertigineuse descente dans l'horreur aux descriptions d'une crudité sèche, parfois teintées d'humour absurde. Il règne dans ce roman une atmosphère viciée et nauséabonde : barbarie, sexe, mensonges et fatalisme y dansent une farandole endiablée dans la chaleur accablante d'une Afrique qui agonise les yeux ouverts.